De la tradition juive à la critique sociale. La « Pensée du retour » chez Léon Chestov, Benjamin Fondane et Benny Lévy

C’est une double impossibilité - impossibilité de se dérober à l’histoire juive et impossibilité de la restaurer - qui conduit nombre d’intellectuels juifs sur le chemin de la critique de la modernité : la réponse ne sera pas seulement religieuse ; la « pensée du retour » se fait aussi critique soci...

Full description

Saved in:  
Bibliographic Details
Published in:Archives de sciences sociales des religions
Main Author: David, Julia (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
Journals Online & Print:
Drawer...
Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Ed. de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 2007
In: Archives de sciences sociales des religions
Further subjects:B Jewish Tradition
B intellectuels juifs
B Social Criticism
B crise de la modernité
B philosophy of return
B crisis of modernity
B Jewish thinkers
B pensée du retour
B tradition juive
B critique sociale
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (lizenzpflichtig)
Volltext (lizenzpflichtig)
Description
Summary:C’est une double impossibilité - impossibilité de se dérober à l’histoire juive et impossibilité de la restaurer - qui conduit nombre d’intellectuels juifs sur le chemin de la critique de la modernité : la réponse ne sera pas seulement religieuse ; la « pensée du retour » se fait aussi critique sociale, indissociable d’une réflexion plus vaste sur les impasses du progressisme historique. Dans la « pensée du retour » coexistent en effet deux mouvements distincts et complémentaires : un élan de re-légitimation de la tradition juive, mais également une critique des promesses de l’Aufklärung et des philosophies du Progrès.
L’expérience de redécouverte du judaïsme telle qu’elle s’impose dans l’épreuve de la modernité à partir de la fin du xviiie siècle s’affirme paradoxale : opération de réinvestissement identitaire et culturel au lendemain des grandes fissurations de l’Émancipation, elle ne cesse pour autant d’illustrer le vertige d’une transmission problématique et d’un lien altéré ; derviches tourneurs du rachat et de la reprise, ces phénomènes de ré-adhésion ou de « retour » à la tradition juive ne cessent d’inquiéter l’héritage. Des exigences particulières dictées par un statut minoritaire qui contraint les Juifs à résister aux séductions de l’assimilation, aux ébranlements du siècle qui ont si souvent conduit le judaïsme au bord du gouffre, ces cheminements à rebours apparaissent singulièrement malaisés.L’expérience de redécouverte du judaïsme telle qu’elle s’impose dans l’épreuve de la modernité à partir de la fin du xviiie siècle s’affirme paradoxale : opération de réinvestissement identitaire et culturel au lendemain des grandes fissurations de l’Émancipation, elle ne cesse pour autant d’illustrer le vertige d’une transmission problématique et d’un lien altéré ; derviches tourneurs du rachat et de la reprise, ces phénomènes de ré-adhésion ou de « retour » à la tradition juive ne cessent d’inquiéter l’héritage. Des exigences particulières dictées par un statut minoritaire qui contraint les Juifs à résister aux séductions de l’assimilation, aux ébranlements du siècle qui ont si souvent conduit le judaïsme au bord du gouffre, ces cheminements à rebours apparaissent singulièrement malaisés. C’est une double impossibilité - impossibilité de se dérober à l’histoire juive et impossibilité de la restaurer - qui conduit nombre d’intellectuels juifs sur le chemin de la critique de la modernité : la réponse ne sera pas seulement religieuse ; la « pensée du retour » se fait aussi critique sociale, indissociable d’une réflexion plus vaste sur les impasses du progressisme historique. Dans la « pensée du retour » coexistent en effet deux mouvements distincts et complémentaires : un élan de re-légitimation de la tradition juive, mais également une critique des promesses de l’Aufklärung et des philosophies du Progrès.
The rediscovery of Judaism such as it was experienced in the face of modernity at the end of the Eighteenth Century turned out to be paradoxical: following the Emancipation and the cracks it had caused, it constituted an act of reinvestment as far as identity and culture were concerned, and yet, ever since, it has revealed the uncertainties of a problematic transmission and an altered bond. The phenomena of return and re-adhesion to Jewish tradition, which can be seen as the whirling dervishes of repurchase and revival and as the will to perform the inaugural once again, are phenomena which constantly nag at memory and disturb legacy. From the specific demand, dictated by their minority status, that the Jews resist the temptation of assimilation, to the deeply unsettling events of the century, which so often pushed the Jews to the brink of the abyss, there are scores of reasons to perceive those backward-going processes as particularly difficult. We are faced with a double impossibility: of ignoring Jewish history on the one hand, and of restoring it on the other, and this very double impossibility led so many Jewish intellectuals to criticise modernity. Indeed, their response was not to be a solely religious one: the "philosophy of return" was also a form of social criticism which couldn’t do without tackling a broader issue, namely the dead-ends reached by historical progressivism. For, in the philosophy of return, two trends coexist, both separate and complementary and always interrelated: an attempt at re-legitimizing Jewish traditions, and a certain wariness of the promises of the Aufklärung and of the philosophies of Progress. (Trad. Marion Roman)
La experiencia del redescubrimiento del judaísmo, tal como se impone ante el desafío de la modernidad a partir de fines del siglo xviii, resulta paradójica : operando un reforzamiento identitario y cultural posterior a las grandes fisuras de la Emancipación, no deja, sin embargo, de ilustrar el vértigo de una transmisión problemática y de un vínculo alterado ; movimientos giratorios de reapropiación y de reanudación, estos fenómenos de re-adhesión o de un "retorno" a la tradición judía no hacen más que inquietar a la tradition. Exigencias particulares dictadas por un estatuto minoritario que obliga a los judíos a resistir a las seducciones de la asimilación, a los estremecimientos del siglo que con frecuencia condujeron al judaísmo al borde del abismo, estas caminatas a tientas parecen ser especialmente incómodas. Se trata de una doble imposibilidad - de escabullirse de la historia judía e de restaurarla - que conduce a un número importante de intelectuales judíos por el camino de la crítica de la modernidad : la respuesta, en efecto, no será sólo religiosa ; el "pensamiento del retorno" se transforma también en crítica social, indisociable de una reflexión más vasta sobre las dificultades del progresismo histórico. De hecho, en el "pensamiento del retorno" coexisten dos movimientos distintos y complementarios : un impulso de relegitimación de la tradición judía, ya sea manifestándose así como una crítica de las promesas de l’Aufklärung y de las filosofías del Progreso. (Trad. Consuelo Biskupovic, Ens/Ehess) el pensamiento del retorno, tradición judía, critica social, crisis de la modernidad, intelectuales judios.
ISSN:1777-5825
Contains:Enthalten in: Archives de sciences sociales des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/assr.8253