Du « manque à voir » pour (faire) croire en « l'invisible »

L'incrédulité qui a fait la célébrité de l'apôtre Thomas : il a voulu voir pour croire est largement partagée. Son aveu d'incrédulité suscite de la part du Christ cette phrase : « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jn 20, 24-2...

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Bibliographic Details
Main Author: Hamayon, Roberte 1939- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
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Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Ed. de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales [2019]
In: Archives de sciences sociales des religions
Year: 2019, Volume: 187, Pages: 191-210
Standardized Subjects / Keyword chains:B Sight / Faith / Invisibility / The Imaginary / Virtual reality
IxTheo Classification:AB Philosophy of religion; criticism of religion; atheism
AE Psychology of religion
CB Christian life; spirituality
Further subjects:B réalité virtuelle
B brouillages sensoriels
B l'invisible
B visionnaire
B voyant
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (Resolving-System)
Volltext (doi)
Description
Summary:L'incrédulité qui a fait la célébrité de l'apôtre Thomas : il a voulu voir pour croire est largement partagée. Son aveu d'incrédulité suscite de la part du Christ cette phrase : « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jn 20, 24-29). De prime abord, un lien évident existe entre ces deux verbes. On se fie au témoin oculaire aussi spontanément qu'on se méfie de qui ne parle que par ouï-dire. Dans l'opposition entre témoin oculaire et témoin qui parle par ouï-dire, s'ajoute, à la différence d'organe sensoriel, l'intervention d'un tiers. Mais il semble exister aussi un lien inverse, qui fonde l'attitude de croyance au contraire sur un manque dans l'ordre de la perception visuelle ordinaire. Un tel manque - qui peut intervenir dans des domaines très divers mais ne sera abordé ici que dans son rapport à un croire d'ordre religieux - revient à créer un espace de liberté pour l'exercice de l'imaginaire, permettant d'explorer et de spéculer à la fois hors des contraintes empiriques et hors des dogmes établis. Le propos de cet article se limite à quelques réflexions sur ce thème, étayées par une poignée d'exemples et orientées vers des perspectives de recherche ultérieure.
The incredulity, that made the apostle Thomas famous, is widely shared. He wanted to see in order to believe. His incredulity brought from Christ this phrase: "Because you have seen me, you have believed. Blessed are those who have not seen, and who have believed!" (John 20, 24-29). First of all, there is an evident link between these two verbs. We trust an eye-witness as readily as we distrust someone who only speaks from rumour. To the opposition between an eye-witness and a witness based on rumour can be added, as opposed to a sensory organ, the involvement of a third person. But there also appears to exist a inverse link which bases the attitude of belief, on the contrary, on a lack in the order of ordinary visual perception. Such a lack – which can intervene in very diverse domains but will only be addressed here in regard to religious belief – involves the creation of a free space for the exercise of the imaginary, allowing at once exploration and speculation outside of empirical constraints and established dogmas. This article proposes some modest reflections on this subject, backed by a handful of examples and oriented towards future research.
ISSN:1777-5825
Contains:Enthalten in: Archives de sciences sociales des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/assr.46233