LA CRITIQUE NIETZSCHÉENNE DU CHRISTIANISME
En refusant d'affirmer que la souffrance est dépourvue de sens et que la cruauté (agressivité) est la manifestation normale de la vie, le christianisme a redoublé la souffrance inhérente à l'existence humaine. Le symptôme le plus apparent de cette interprétation morbide de la destinée est...
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Format: | Electronic Article |
Language: | French |
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Published: |
Librairie Philosophique J. Vrin
1972
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In: |
Revue des sciences philosophiques et théologiques
Year: 1972, Volume: 56, Issue: 3, Pages: 404-422 |
Online Access: |
Volltext (lizenzpflichtig) |
Summary: | En refusant d'affirmer que la souffrance est dépourvue de sens et que la cruauté (agressivité) est la manifestation normale de la vie, le christianisme a redoublé la souffrance inhérente à l'existence humaine. Le symptôme le plus apparent de cette interprétation morbide de la destinée est l'emprise de la crainte de la mort, de cette heure où survient un jugement aux conséquences éternelles. Une telle crainte présuppose l'homme coupable. Nietzsche s'attache à montrer comment se forme le sentiment de culpabilité: intériorisation d'une dette contractée vis-à-vis d'un créditeur, et devenue insolvable lorsque ce créditeur est considéré comme l'origine (ancêtre, Dieu, passé). Les notions de péché et de responsabilité sont l'interprétation rationnelle de ce sentiment. Ainsi la souffrance trouve-t-elle un sens: conséquence d'une faute, elle n'est pas essentielle à la vie et peut être rachetée. La critique du christianisme révèle la ligne de force de la pensée de Nietzsche: la quête de la grande santé par l'innocence, au sein d'un monde où la destruction et la cruauté sont un jeu. By refusing to accept the fact that suffering is devoid of any meaning and that cruelty (agressivity) is the normal manifestation of life, Christianity has doubled the suffering which is inherent in human existence. The most apparent symptom of this morbid interpretation of destiny is the ascendency of the fear of death, of that hour when a judgment of eternal consequences arises. Such a fear presupposes that man is culpable. Nietzsche applies himself to show how the feeling of culpability arises: interiorization of a debt contracted vis-à-vis a creditor, which becomes insolvent when the creditor is considered as a point of origin (ancestor, God, the past). The notions of sin and responsibility are the rational interpretation of this feeling. Thus suffering finds meaning: as the consequence of a fault, it is not essential to life and can be redeemed. The critique of Christianity discloses the line of force of the thought of Nietzsche: the search on the part of innocence for perfect health, in the midst of a world where destruction and cruelty are a game. |
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ISSN: | 2118-4445 |
Contains: | Enthalten in: Revue des sciences philosophiques et théologiques
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