Summary: | De tous les textes de l’évangile de Jean, la Résurrection de Lazare est certainement l’un des plus complexes . Que faire de ce récit macabre, qui se complaît à souligner l’odeur de décomposition d’un cadavre ? Et surtout quel sens théologique lui donner ; à quoi rime ce jeu cruel de Jésus qui semble s’amuser à laisser Lazare mourir pour avoir le plaisir de le ressusciter temporairement puisqu’il semble bien que Lazare soit condamné à mourir de nouveau ? Absorbés par la difficile tâche de répondre à ces questions, la plupart des commentateurs passent très vite sur une autre difficulté du début du texte : Jn 11,2. Présentant Lazare, le narrateur indique qu’il est le frère de Marthe et de Marie qui, selon lui, ἦν δὲ Μαριὰμ ἡ ἀλείψασα τὸν Κύριον μύρῳ καὶ ἐκμάξασα τοὺς πόδας αὐτοῦ ταῖς θριξὶν αὐτῆς, « cette Marie était celle qui avait oint le Seigneur de parfum et avait essuyé ses pieds avec ses cheveux ». Or cette onction, évoquée ici au chapitre 11, n’interviendra qu’après la résurrection de Lazare, au chapitre 12. Pourquoi l’évangéliste se permet-il une telle liberté avec la chronologie, et quel en est le sens ? Plus généralement, quelle valeur littéraire produit ces distorsions de la temporalité narrative, et quelle interprétation théologique peut-on leur donner ?
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