L'institutionnalisation des « sciences religieuses » en France (1879-1908) Une entreprise protestante?

Les « sciences religieuses » conquièrent droit de cité dans les universités de l'Europe protestante, particulièrement en Hollande, au cours des années 1870. En France une vigoureuse campagne de presse permet d'obtenir la création en 1879 d'une chaire d'histoire des religions au C...

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Bibliographic Details
Main Author: Cabanel, Patrick (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Droz 1994
In: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français
Year: 1994, Volume: 140, Pages: 33-80
Online Access: Volltext (lizenzpflichtig)
Description
Summary:Les « sciences religieuses » conquièrent droit de cité dans les universités de l'Europe protestante, particulièrement en Hollande, au cours des années 1870. En France une vigoureuse campagne de presse permet d'obtenir la création en 1879 d'une chaire d'histoire des religions au Collège de France : Maurice Vernes, alors enseignant à la Faculté de théologie protestante de Paris, en a été l'initiateur et le chef d'orchestre, et a trouvé des échos favorables chez Littré, Renouvier, Paul Bert ou Jules Ferry. Ce dernier choisit pour titulaire de la nouvelle chaire le pasteur André Réville, qui présidera aussi la Ve section, dite des Sciences religieuses, fondée en 1885-1886 à l'École Pratique des Hautes Études, et dont le fils Jean dirige jusqu'à sa mort la Revue de l'Histoire des Religions fondée en 1880 par Vernes. Les protestants, anciens pasteurs ou non, sont surreprésentés pendant un quart de siècle dans ces institutions naissantes où ils appliquent la méthode critique en honneur à la Revue Historique de Gabriel Monod; ils s'effaceront ensuite, l'école sociologique de Durkheim venant les accuser au début du XXe siècle de présupposés non scientifiques. Vernes avait par ailleurs échoué à introduire dans l'école primaire un enseignement d'histoire sainte laïcisée, qui n'eut pas les faveurs de Ferdinand Buisson. L'étude de l'institutionnalisation des sciences religieuses, avec ses réussites et ses échecs, permet de revenir sur les débuts de la IIIe République et sur le rôle qu'y jouèrent une fois encore les protestants, alors remarquablement placés pour contribuer aux côtés d'autres familles (juifs, francs-maçons ou librepenseurs) à la définition d'une laïcité qui était bien autre chose qu'un simple anticléricalisme.
Contains:Enthalten in: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français