Poésie de cour et poésie de combat : l'amiral Gaspard de Coligny devant les poètes contemporains

Il faut attendre la mort du prince Louis de Condé à Jarnac pour que les poètes contemporains s'intéressent véritablement à l'amiral de Coligny. Avant la première guerre de religion, Ronsard et les autres poètes ne chantent guère l'amiral qu'à travers son frère aîné, le cardinal O...

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Bibliographic Details
Main Author: Pineaux, Jacques (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Droz 1972
In: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français
Year: 1972, Volume: 118, Pages: 32-54
Online Access: Volltext (lizenzpflichtig)
Description
Summary:Il faut attendre la mort du prince Louis de Condé à Jarnac pour que les poètes contemporains s'intéressent véritablement à l'amiral de Coligny. Avant la première guerre de religion, Ronsard et les autres poètes ne chantent guère l'amiral qu'à travers son frère aîné, le cardinal Odet de Châtillon, leur fastueux mécène. Quand le conflit éclate, n'étant pas comme Louis de Condé prince du sang, Gaspard de Coligny ne peut que soutenir la Cause, non la justifier : ce qui expliquerait — dans le temps où ils prodiguent au prince de Condé éloges et exhortations — le silence des poètes militants huguenots autour de l'amiral. Devenu chef militaire des Réformés en mars 1569, l'amiral de Coligny est aussitôt attaqué par les poètes catholiques avant que tous (Ronsard étant le plus discret) ne célèbrent sa mort à la Saint-Barthélemy. Reprenant aux polémistes huguenots la plupart de leurs procédés (lecture orientée de la Bible, loi du talion, désacralisation), utilisant comme eux le théâtre à des fins polémiques, ils font de Coligny un traître à Dieu et au roi, de son supplice une preuve de la justice et de la vengeance divines. Quant aux protestants qui choisirent de pleurer en vers français (et non en latin) l'amiral de Coligny, ils sont aussi peu nombreux que maladroits. Condé ou Coligny, les poètes de la Réforme semblent incapables de célébrer leurs morts, préférant implorer la vengeance divine ou fustiger de leurs vers les auteurs du massacre. Il faut donc dresser des relations entre l'amiral de Coligny et les poètes contemporains un constat d'échec ou d'absence. It was after the death of Prince Louis de Condé at Jarnac that contemporary poets became really interested in Admirai de Coligny. Before the first war of Religion, Ronsard and the other poets only sang the Admiral through his elder brother, Cardinal Odet of Chatillon, their magnificent patron. When the conflict broke out, not being, like Prince Louis de Condé, a Prince of the Blood, Gaspard de Coligny could only uphold the Cause, but not justify it; which would account for the silence of militant Huguenot poets who were at the same time lavishing their praises and exhortations on Prince de Condé. As military leader of the troops of the Reformed Church in March 1569, Admiral de Coligny was immediately attacked by Catholic poets before they all (Ronsard was the most reserved of them) rejoiced in his death during the Massacre of the Saint Bartholomew. Taking most of their devices from the Huguenot polemists (a one-sided interpretation of the Bible, the law of retaliation, desecration), using in their turn the stage to polemic ends, they made of Coligny a traitor to his God and his King, his execution being brought about by divine justice and retribution. As for the Protestants who chose to lament Admiral de Coligny in French verse (though not in Latin), they were scarce in number and clumsy in style. Whether Condé or Coligny, the Reformation poets seemed incapable of celebrating their dead, preferring to beseech divine vengeance or lash in their verse those responsible for the massacre. We must therefore acknowledge that there was either failure or absence in the relationship between Admiral de Coligny and the poets of his time.
Contains:Enthalten in: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français