Une fortune canonique imprévue: la postérité médiévale d’un passage des "Quaestiones super libros Regum" de Claude de Turin

En 823, dans ses Trente questions sur les livres des Rois, Claude de Turin, contre ses habitudes de compilateur, ajoute un commentaire de son cru sur les réformes du roi Ézéchias (4 Rois, 18, 4) : quand une institution ancienne de bonne à l’origine est devenue mauvaise, il faut la supprimer sans dél...

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Main Author: Boulhol, Pascal 1959- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Brepols [2020]
In: Revue bénédictine
Year: 2020, Volume: 130, Issue: 2, Pages: 304-330
Online Access: Volltext (Verlag)
Volltext (doi)
Description
Summary:En 823, dans ses Trente questions sur les livres des Rois, Claude de Turin, contre ses habitudes de compilateur, ajoute un commentaire de son cru sur les réformes du roi Ézéchias (4 Rois, 18, 4) : quand une institution ancienne de bonne à l’origine est devenue mauvaise, il faut la supprimer sans délai (Claude pense au culte des images). Cette sentence, reproduite avec ou sans son contexte biblique, eut un large succès au Moyen Âge, mais toujours sans nom d’auteur : elle devint (petite revanche posthume pour ce contestataire si décrié) une maxime officielle de politique ecclésiastique, en étant reprise successivement par Placide de Nonantola, le canoniste Gratien (qui lui donna sa forme paradigmatique), puis au XIVe siècle par Guillaume Durand le Jeune, Guillaume Le Maire, Friedrich von Göttweig, Guillaume d’Ockam et Conrad de Megenberg, et enfin, au XVe siècle, par Antonin de Florence et le pape Paul II. Elle servit ainsi aux causes les plus diverses (défense de l’Église et des élections pontificales contre l’Empire ; abrogation des privilèges abusifs ou des mauvaises mesures ; limitation de la puissance du pape ; suppression de l’Ordre du Temple) et eut sa part dans l’évolution du droit canonique vers le pragmatisme, en aidant à formuler l’idée qu’il est nécessaire d’adapter la loi aux temps.
In his XXX quaestiones super libros Regum Claudius of Turin, contrary to his habit, adds a commentary of his own on the reforms of the king Ezechias (4 Reg 18,4): When an old institution, good in its origin, becomes bad, it must be suppressed whithout loss of time (Claudius aims at the cult of images). This sentence, repeated with or without its biblical context, had a large audience in the Middle Ages, but always anonymously. As a small return to Claudius, this much criticised opponent, it became an official maxim in ecclesiastical politics when it was received successively by Placidus of Nonantola, Gratian the canonist (who gave it in a paradigmatic form), and afterwards in the xivth cent. by William Durandus the Young, Guillaume Le Maire, Friedrich von Göttweig, William of Occam, and Conrad von Megenberg, and ultimately in the xvth century by Antoninus of Florence and by pope Paul II. Thus the sentence was useful to various causes (defence of the Church and of Pontifical elections against the Empire; abrogation of excessive privileges or of inappropriated decisions; limitation of the papal power; suppression of the Templars) and contributed to the evolution of the Canon Law to pragmatism in helping to formulate the idea that it is necessary to adjust law to the times.
Item Description:Seite 325-330: "Tableaux"
ISSN:2295-9009
Contains:Enthalten in: Revue bénédictine
Persistent identifiers:DOI: 10.1484/J.RB.5.121993