Une appropriation habile de Numénius: Eusèbe de Césarée et son emploi critique de l'adjectif homousios en PE XI 21-22 (II)
Dans son affirmation de l'accord entre Platon et Moïse sur le monothéisme, en PE XI 21, 6-7, Eusèbe en vient à dénoncer le polythéisme philosophique en faisant un emploi fort problématique de l'adjectif ὁμοούσιος. Sa manière de rejeter la notion que ce terme véhicule lorsqu'il sert à...
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Format: | Electronic Article |
Language: | French |
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Institution
[2019]
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In: |
Revue d'études augustiniennes et patristiques
Year: 2019, Volume: 65, Issue: 1, Pages: 99-117 |
Standardized Subjects / Keyword chains: | B
Eusebius, Caesariensis 260-339, Praeparatio evangelica
/ Homousios
/ Numenius of Apamea ca. 2. Jh.
/ God Father
/ Jesus Christus
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IxTheo Classification: | AB Philosophy of religion; criticism of religion; atheism KAB Church history 30-500; early Christianity NBC Doctrine of God NBF Christology VA Philosophy |
Online Access: |
Volltext (Resolving-System) Volltext (doi) |
Summary: | Dans son affirmation de l'accord entre Platon et Moïse sur le monothéisme, en PE XI 21, 6-7, Eusèbe en vient à dénoncer le polythéisme philosophique en faisant un emploi fort problématique de l'adjectif ὁμοούσιος. Sa manière de rejeter la notion que ce terme véhicule lorsqu'il sert à décrire la relation entre le Bien et ce qui provient de lui crée une double difficulté : la compréhension de ce rejet lui-même, alors qu'Eusèbe acceptera le terme ὁμοούσιος après Nicée pour décrire la relation entre le Père et le Fils ; la remise en cause apparente de la divinité du Fils provoquée notamment par ce rejet, lorsque le discours d'Eusèbe est envisagé d'un point de vue théologique. Un premier article a montré comment cette double difficulté se résout en partie grâce à la précision du sens pris par l'adjectif ὁμοούσιος à l'époque d'Eusèbe et chez Eusèbe. Mais la dénonciation du polythéisme philosophique n'en demeure apparemment pas moins applicable au Fils. Ce second article découvre comment l'aporie est résolue grâce à la citation de quatre extraits de Numénius dans le chapitre suivant (PE XI 22) : non seulement le fragment 16 (24 F) sert à justifier l'attribution d'une οὐσία distincte au Bien (Dieu) et à ce qui provient de lui (notamment son Fils) ; mais la citation des fragments 2 (11 F), 19 (27 F) et 20 (28 F), grâce au propos tenu sur la participation au Bien de celui qu'il est possible de considérer comme le « Bon » (le démiurge), permet à Eusèbe de préciser son discours et par suite d'en éliminer les contradictions théologiques en PE XI 21, 7. Elle contribue alors à définir implicitement la relation qui unit le Père et le Fils en des termes qui conduiront au sens de l'adjectif ὁμοούσιος qu'il estimera licite. Loin de servir uniquement à illustrer un propos d'emblée déterminé, la citation de Numénius permet ainsi à Eusèbe de corriger un discours aux conséquences théologiques suspectes ; mieux : d'élaborer de manière sous-jacente une théologie selon lui réellement chrétienne. In his assertion of the agreement between Plato and Moses on Monotheism, in PE XI 21, 6-7, Eusebius eventually condemns philosophical Polytheism by using the adjective ὁμοούσιος in a very problematical way (PE XI 21, 6). The way in which Eusebius rejects the notion it conveys when it is used to describe the relation between Good (identified to God) and what comes from it produces a double difficulty: the understanding of this rejection itself, although Eusebius will accept the word ὁμοούσιος after the Council of Nicaea to describe the relation between the Father and the Son ; and the apparent calling into question of the divinity of the Son produced notably by this rejection, when Eusebius' discourse is considered from a theological point of view. A first paper showed how this theological double difficulty finds a first and partial solution by recalling the meaning of the adjective ὁμοούσιος at the time of Eusebius and how he used it in his writings. However, the condemnation of philosophical Polytheism apparently remains applicable to the Son. This second paper reveals how the aporia is solved thanks to the quotation of four extracts from Numenius in the following chapter (PE XI 22): not only fragment 16 (24 F) is used to justify the attribution of a different οὐσία to the Good (God) and to what comes from it (notably the Son); but by quoting fragments 2 (11 F), 19 (27 F) and 20 (28 F) and thanks to the discourse on the participation of the Good one (the demiurge) to the Good itself, Eusebius, in PE XI 21, 7, can make his speech clearer and consequently eliminate the theological contradictions. Thus, he can also implicitly define the relation between the Father and the Son in terms that will lead to the meaning of ὁμοούσιος he will find acceptable. So, far from being used only to illustrate an interpretation given from the start, the quotation from Numenius enables Eusebius to amend a discourse whose theological consequences could be suspicious and, even better, to implicitly elaborate what to him is a truly Christian theology. |
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ISSN: | 2428-3606 |
Contains: | Enthalten in: Revue d'études augustiniennes et patristiques
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Persistent identifiers: | DOI: 10.1484/J.REA.4.2019025 |