Les « chrétiens bosniaques » et le mouvement cathare au Moyen Age

L'hérésie cathare s'introduit en Croatie peu après le milieu du douzième siècle. Les hérétiques, à l'exemple des croisés français, empruntent la doctrine des dualistes de Constantinople et s'organisent en Eglise de Dalmatie. Chassés du littoral croate, ils pénètrent (vers 1200) e...

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Main Author: Šanjek, Franjo 1939- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Colin [1972]
In: Revue de l'histoire des religions
Year: 1972, Volume: 182, Issue: 2, Pages: 131-181
Online Access: Volltext (kostenfrei)
Description
Summary:L'hérésie cathare s'introduit en Croatie peu après le milieu du douzième siècle. Les hérétiques, à l'exemple des croisés français, empruntent la doctrine des dualistes de Constantinople et s'organisent en Eglise de Dalmatie. Chassés du littoral croate, ils pénètrent (vers 1200) en Bosnie et Herzégovine. Leur organisation prend alors le nom de l'Eglise des « chrétiens bosniaques ». Toutes les tentatives des autorités ecclésiastiques et des pouvoirs laïcs de dissiper l'hérésie dite bosniaque et de ramener à l'unité ces dissidents de l'orthodoxie romaine demeurent sans succès. Les « chrétiens » gagnent peu à peu la confiance des populations de Bosnie et Herzégovine, qui, fort attachées à l'hérésie, abandonnent la pratique des sacrements et contestent les institutions de l'Eglise romaine. Les adhérents de l'Eglise bosniaque se divisent en « bons hommes » et « chrétiens ». Les premiers, tenant les rangs de la hiérarchie, sont dirigés par le "djed", chef spirituel de tous les « chrétiens » de Bosnie et Herzégovine et l'évêque de leur Eglise. Dans son rôle de vicaire du Christ et successeur de Pierre dans l'Eglise bosniaque, le "djed" est assisté par les "strojnici" (clergé). Ceux-ci, divisés en "gosti" (hôtes) et "starci" (anciens), pourvoient aux besoins spirituels de leurs confrères « chrétiens » et prêtent leurs services aux maîtres féodaux dans les différentes affaires du pays. L'Eglise bosniaque avec ses auditeurs, croyants, parfaits et bons hommes entre dans le cadre du mouvement cathare. Les « chrétiens bosniaques » fraternisent, semble-t-il, avec les albigeois, s'assurent la sympathie des cathares lombards et leur "djed" a l'estime de tous les cathares occidentaux, de telle sorte que certaines sources latines le considèrent comme leur pape. Les « chrétiens » de Bosnie et des régions avoisinantes sont-ils dualistes ? Les écrits des controversistes et des polémistes latins affirment que les partisans de l'Eglise bosniaque professaient une sorte de dualisme mitigé. Au contraire, les sources propres aux « chrétiens bosniaques » laissent entendre que ceux-ci reconnaissaient la Trinité, admettaient Jésus comme le Fils de Dieu, croyaient que la grâce est indispensable pour le salut des hommes, pratiquaient l'aumône et priaient pour leurs défunts. Ils rejetaient toutefois les sacrements, le serment et se servaient d'un rituel analogue à celui des cathares occidentaux.
ISSN:2105-2573
Contains:Enthalten in: Revue de l'histoire des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.3406/rhr.1972.9910