Summary: | Soucieux de réconcilier l'érudition "grégorienne" avec les travaux des liturgistes et des philologues, Jean-François Goudesenne scrute dans la genèse du chant "grégorien", l'hypothèse d'une première phase franco-insulaire, enracinée dans l'ancienne Neustrie mérovingienne, vivifiée par les apports monastiques irlandais puis en lien avec des foyers carolingiens piémontais et lombards. Une hypothèse qui permet de reconstruire une genèse d'un grégorien décliné au pluriel, en lien avec d'autres branches. Comme l'écriture caroline, le "grégorien" fut "fabriqué" par étapes progressives, non depuis un centre unique mais à partir de plusieurs matrices. Les multiples interférences de l'oralité sur l'écriture, la nature spécifique des textes chantés comme la fonction manuscrits liturgiques permettent de déceler ses réécritures successives, dégagée des dogmes hérités de cette vision néo-lachmanienne d'un original unique à deux branches opposées d'une historiographie qui a largement valorisé les types Lotharingien et Alémano-germanique de la période ottonienne tout au long des XIXe et XXe siècles. Richement documenté, l'auteur revisite les aires culturelles européennes en inscrivant "émergence grégorienne" comme une acculturation évolutive, dans un schéma généalogique bien plus complexe qu'une simple transmission linéaire. Une posture lentement construite à partir d'un vaste corpus, desservie par un large panel de sources dans l'espace de l'Imperium et la profondeur de la transmission longue, qui s'oppose aux méthodes des entreprises bénédictines des années 30-60 comme aux restitutions de l'école post-cardinienne, pour s'inscrire plus volontiers dans la lignée des travaux de Treitler, Van der Werf, Bernard, Saulnier ou Jeffery
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